L’histoire du théâtre

Le Théâtre des Variétés
en 12 dates clés

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Le 24 juin 1807, pour la première fois, les Parisiens franchissaient le seuil d’un nouveau théâtre, construit en cinq mois entre Paris et Montmartre. Sur le linteau du portique on pouvait lire comme aujourd’hui « Théâtre des Variétés » gravé dans la pierre. Ce théâtre charmant qui devait avoir tant et tant de soirées de gloire était l’oeuvre d’une femme extraordinaire, véritable fée du spectacle que d’aucuns dirent sorcière, Marguerite Brunet, La Montansier.

Mademoiselle Montansier ou le trust des Théâtres de France.

L’histoire de cette petite personne énergique, point belle mais pétrie de charmes, douée d’un sens extrême des affaires, véritable chef d’entreprise, couvre presque un siècle entier, puisque, née en 1730 à Bayonne, elle ne devait s’éteindre que le 13 juillet 1820, après avoir connu tant d’aventures qu’elle semble être la soeur d’Ambre ou de Caroline Chérie… Une vie de roman, fourmillante d’amours et d’intrigues, comme les milliers de spectacles qui devaient être joués sur la scène de son théâtre. À quatorze ans, la jeune Marguerite s’enfuit de la maison des Ursulines de Bordeaux où elle était en pension pour s’ engager dans une troupe de comédiens et suivre en Amérique un beau et jeune acteur qui l’avait séduite. Quelques années plus tard, elle devient la maîtresse de Burson, Intendant de la Martinique qui l’établit marchande de mode à Saint-Domingue ; mais bientôt, lassée d’exotisme, Paris la découvre accompagnée dans les rues de deux jeunes domestiques noirs.

Elle s’installe d’abord chez Mme Montansier, une tante par alliance marchande de mode et lui emprunte son nom qu’elle fera parfois précéder de la particule. Un peu plus tard, elle ira loger rue Saint-Honoré, ouvrira un salon de jeux fréquenté par la jeunesse dorée et désoeuvrée dont elle tirera galamment quelques subsides et donnera des soupers élégants qui marqueront véritablement son entrée dans la haute société. Officiellement, la Montansier, à l’époque, est comédienne, mais son accent méridional limite son emploi et son succès n’est pas grand, même dans le rôle de la fausse gasconne de Monsieur de Pourceaugnac. En fait, on ne sait pas grand-chose de la carrière de comédienne de la Montansier qui devait devenir illustre « dans le théâtre », mais non « au théâtre ». Les années passent dans le tourbillon des fêtes brillantes et des plaisirs galants de ce temps de Louis XV. La Montansier prépare son avenir et fourbit ses armes.

Elle a trente-huit ans, lorsqu’elle obtient de son riche et puissant ami, M. de Saint-Conty, la direction du petit théâtre de la rue Satory à Versailles.

Pour la Montansier, c’est une révélation : diriger une troupe d’acteurs, choisir le répertoire, organiser les spectacles lui procure d’intenses satisfactions. Elle découvre sa véritable vocation et obtient tout de suite le plus vif succès. Toute la Cour se presse rue Satory qui n’est qu’à quelques tours de roues de carrosse du Palais de Louis XV. Invitée à la Cour, elle ne la quittera guère. La future reine Marie-Antoinette la reçoit dans sa chambre, les heures de la gloire vont bientôt sonner.

Encouragée par son succès et fortement appuyée par ses importantes relations, la Montansier décide d’élever un nouveau théâtre, rue des Réservoirs, sur un terrain acquis à bon compte par Saint-Conty ; mais le cher homme meurt peu de temps après et la Montansier devient la seule propriétaire. Versailles brillait alors de tous ses feux. C’était encore le temps de la brioche et Marie-Antoinette adorait les fêtes. Elle aimait aussi l’esprit de la Montansier toujours prête à organiser un bal, un concert, un souper et sachant mieux que nulle autre improviser un divertissement.

En 1775, elle a quarante-cinq ans, elle obtient du roi un immense privilège, celui d’organiser tous les bals et les spectacles de Versailles, mais, deux ans plus tard, le 19 mai 1777, elle obtenait un privilège bien plus exorbitant encore : le roi lui accordait pour vingt ans la régie et la direction des théâtres de Versailles, Fontainebleau, Saint-Cloud, Marly, Compiègne, Rouen, Caen, Orléans, Nantes et Le Havre.

Infatigable, intrépide, ambitieuse, la Montansier n’avait pas l’intention de s’arrêter en si bon chemin. Ne pouvant répondre seule à une tâche aussi considérable, elle forme une société avec son amant de l’heure, le comédien Honoré Bourdon, dit De Neuville, dont elle était fort éprise et qu’elle finira par épouser. Il était beau et bien bâti, fort comme un Turc et infidèle comme un coq. La Montansier se montrait jalouse, et, malgré la cinquantaine, bien frivole.

En 1784, exaltée par ses succès et bien décidée à faire la plus éblouissante des carrières, la Montansier adresse au roi un mémoire incroyablement ambitieux, pour réclamer le privilège de tous les théâtres du royaume. Cette proposition insensée cachait bien sûr de puissants intérêts et la Montansier devait servir de prête-nom à de riches commanditaires qui voyaient là d’inépuisables sources de revenus, mais la demande fut refusée. La directrice des plaisirs de la Cour ne s’avoua pas vaincue, elle avait décidé de conquérir Paris, elle allait le faire.

Le 14 avril 1788, la Montansier achète le Théâtre des Beaujolais, au Palais-Royal. Cette petite salle avait été construite en 1783 par le Duc d’Orléans et offrait des spectacles de marionnettes pour distraire le Comte de Beaujolais, fils cadet de Philippe Egalité et jeune frère du futur Louis-Philippe. L’architecte Victor Louis transforma la salle en un confortable théâtre et l’inauguration a lieu le 12 avril 1790 avec « Les Époux mécontents », opéra en quatre actes de Dubuisson sur une musique de Storace. Le nouveau théâtre prit le nom de « Montansier ». Six mois plus tard, le roi et la Cour venaient s’installer à Paris, aux Tuileries.

1789 Le Théâtre aux armées

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La révolution allait-elle ruiner définitivement les projets grandioses de la protégée de Marie-Antoinette qui obtenait du roi de fastueux privilèges ? C’est sans doute ce que beaucoup crurent alors, se réjouissant déjà des malheurs de l’entreprenante Montansier. C’était ne pas la connaître.

En acquérant dès 1788 la salle du péristyle de Joinville dans la galerie du Palais-Royal, ne prenait-elle pas déjà une certaine distance envers la Cour ? Elle savait que l’avenir ne serait plus jamais à Versailles, elle devait se tenir sur ses gardes et viser juste.

La Montansier avait tout à gagner de la présence de la famille royale et de la Cour aux Tuileries. Elle conservait pour huit ans encore le privilège de l’organisation des spectacles de la Cour. La Révolution ayant fixé la résidence du roi à Paris, la Montansier avait parfaitement le droit d’y exercer son privilège et ne s’en priva pas.

Dans sa nouvelle salle du Palais-Royal, elle obtint aussitôt un très vif succès en faisant jouer des opéras italiens traduits en français, ce qui ne tarda pas à susciter les pires jalousies. On allait alors beaucoup plus volontiers chez la Montansier qu’au Théâtre de l’Opéra, si mal situé à la Porte Saint-Martin.

Les libelles les plus infamants circulèrent, anonymes, contre la « Ribaude du Palais-Royal » qui laissa dire…et ne voulut point réagir. Elle se vit roulée dans la boue en compagnie du fidèle De Neuville et de l’infortunée Marie-Antoinette. On l’accusait d’être la pourvoyeuse de tous les vices de la Cour et de la Ville et d’être à la fois Lesbos, Sodome et Gomorrhe. Pourtant, si la Montansier avait beaucoup d’ennemis jaloux, elle avait surtout beaucoup de très loyaux amis et loin de baisser le front sous les menaces et les injures, elle se dressa pour attaquer et exigea, en vertu de son privilège royal, une redevance de tous les théâtres de Paris, qu’elle obtint. En 1790, elle s’était installée à quelques pas de son théâtre, arcade 82 du Palais-Royal et les fenêtres de sa chambre, exposées au midi, donnaient sur les jardins. Son appartement, largement ouvert à tous, devint un salon littéraire fort à la mode où se pressaient compositeurs, auteurs dramatiques, poètes, artistes et journalistes, au milieu des femmes les plus en vue et des plus jolies actrices de la capitale.

Pendant la fermeture du théâtre, aux fêtes de Pâques de 1791, l’architecte Louis réussit à doubler la longueur et la largeur de la salle du petit théâtre devenu trop exigu pour la foule qui s’y pressait sans cesse. Mais en ces périodes plus que troublées, il n’était pas de très bon ton de réussir dans les affaires et d’être en vue. Les calomnies allaient bon train et, après le manifeste de Brunswick et le 10 août, la Montansier eut quelques ennuis. On l’accusait de recéler des armes dans son théâtre, de conspirer avec les Anglais et d’être à la disposition des traîtres de la Révolution. Comme toujours, au lieu de se dérober, la Montansier fit front.

Accompagnée de De Neuville et de quatre-vingt-cinq artistes et employés de son théâtre, elle se présenta le 3 septembre 1792 à la barre de la Législative et demanda l’autorisation de former une compagnie franche afin d’aller défendre la Patrie en danger par la marche des Prussiens.

Le 14 septembre, la joyeuse troupe s’embarque pour le Camp de la Lune. Le pauvre De Neuville, nommé colonel, victime d’une chute de cheval, doit abandonner à Reims tandis que son intrépide maîtresse poursuit sa course à la tête de sa troupe. Le 1er novembre, la compagnie Montansier arrive à Cuesmes et le 6 du même mois assiste à la bataille de Jemmapes. La compagnie fait bravement son devoir et est même citée à l’ordre de l’Armée !

Mais le succès devint un triomphe lorsque la Montansier, ayant fait venir en toute hâte de Paris tout un magasin de costumes, monte un théâtre dans la plaine de Jemmapes. La construction, faite par les soldats, est rondement menée, et le 12 novembre on placarde des affiches qui commencent ainsi :

La Troupe des Artistes Patriotes, sous la direction de Mlle Montansier, donnera aujourd’hui devant l’ennemi :

  • « La République Française », cantate
  • « La Danse Autrichienne », ballet
  • « Le désespoir de Jocrisse », pièce de M. Dorvigny
    Le spectacle se terminera par un feu d’artifice.

La fête fut si réussie qu’elle dura toute la nuit. Le lendemain la troupe Montansier regagnait Paris, la campagne glorieuse avait duré six semaines.

Forte de ce très beau succès patriotique qui, pour un temps, faisait taire les mauvaises langues, la Montansier décida d’aller prêcher la bonne parole en Belgique. Elle devait y rester du 2 janvier au 23 mars 1793. La troupe Montansier s’empara un peu militairement du Théâtre de la Monnaie pour y jouer non seulement son répertoire habituel, mais aussi des pièces de circonstances ultras patriotiques et fortement anti-catholiques qui furent accueillies plutôt fraîchement par les bons bourgeois de Bruxelles. La victoire du prince de Saxe-Cobourg devant Dumouriez à Neerwinden vint mettre un terme au prosélytisme de la Montansier. Elle s’enfuit prestement le 23 mars, abandonnant costumes et décors. Le 24 les Autrichiens entraient dans Bruxelles.

1793 Du Palais Royal au Boulevard Montmartre

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Hélas, après ces heures de gloire devaient venir les jours de drames.

La Montansier voulait faire à Paris une rentrée triomphale. Elle avait fait construire par son architecte préféré Victor Louis un grand et superbe théâtre, magnifiquement aménagé, comme il n’en existait aucun à Paris, où elle comptait bien pouvoir concurrencer définitivement l’Opéra de la Porte Saint-Martin. Ce théâtre était situé rue de la Loi (actuellement rue Richelieu), en face de la Bibliothèque nationale, à la place de l’actuel square Louvois.

Elle le nomma « Théâtre National » et l’inaugura le 15 août 1793, par pure bravade antireligieuse. Le bâtiment était d’une très grande beauté et les machineries scéniques tout à fait nouvelles pour l’époque. Avec cette nouvelle salle, son théâtre du Palais-Royal et celui de Versailles, la Montansier pouvait bien se croire la reine du spectacle, malheureusement c’était la Terreur qui régnait et il valait mieux alors n’être point roi.

Trois mois après l’ouverture du Théâtre National, le 23 brumaire, le procureur Chaumette le faisait fermer et le 25, la Montansier était arrêtée. On l’accusait de complot avec les Anglais, d’avoir obtenu de ces derniers, en échange de quelques trahisons, les fonds nécessaires à la construction de son théâtre, d’avoir reçu des sommes considérables de la reine et même de vouloir mettre le feu à la Bibliothèque Nationale !

Le théâtre du Palais-Royal n’avait pas suspendu ses représentations. Il portait alors le nom de « Théâtre de la Montagne ». Le Théâtre National n’avait été fermé que quelques jours et après de multiples intrigues et aventures, était devenu Opéra National en 1794. On devait y chanter et y danser jusqu’en 1820, date de sa démolition, à la suite de l’assassinat du duc de Berry.

Si la Montansier jugée coupable, avait été guillotinée, la confiscation de son théâtre eut été légale, mais déclarée innocente, elle protesta avec une extrême vigueur contre l’arrêté de la Convention et ne cessa de protester pendant les vingt-six ans qui lui restaient à vivre. Elle réclama sept millions d’indemnités. « Pour ce prix-là, on aurait une escadre ! » s’écrit Bourbon de l’Oise. Mais la Montansier tient bon, elle veut ses sept millions ou la restitution de son théâtre. Après des polémiques sans fin, ce diable de femme obtint, en plusieurs fois, de très larges compensations et malgré ses réclamations continuelles, elle s’estima vengée. Elle fut interrogée le 11 frimaire et le 14 nivôse. On ne trouva rien à son domicile qui puisse la compromettre et finalement, après dix mois de détention arbitraire, elle fut libérée le 30 fructidor. Elle avait gagné, une fois de plus, une difficile partie. Sans doute son âge avait joué en sa faveur – elle avait alors soixante-quatre ans – mais surtout ses relations et ses amis. Elle gardait l’énergie de ses trente ans et une santé à toute épreuve.

Revenue dans ses foyers, elle reprit sa lutte et ses projets. Successivement, elle avait loué le Théâtre Olympique et la Salle Favart, mais sans succès. Son étoile semblait pâlir et en 1803 elle fut même mise en prison pour dettes. Le nouveau gouvernement ne lui était guère favorable et un décret de juin 1806 ordonne l’évacuation du Théâtre du Palais-Royal qui portait alors le nom de « Variétés ». Le but de ce décret visait à éloigner la troupe de la Montansier qui portait ombrage à celle, voisine, du Théâtre Français, dont la salle restait déserte tandis que les Variétés-Montansier jouissaient toujours d’une immense faveur.

Furieuse d’avoir à évacuer sa salle pour le 1er janvier 1807, la Montansier rassemble ses troupes et son énergie, part en campagne, finit par être reçue par l’Empereur lui-même et obtient de lui aide et protection : elle avait alors soixante-dix-sept ans, mais son charme opérait toujours.

Forte de cet impérial appui, elle réunit la « Société des Cinq » qui dirige sa nombreuse troupe et propose la construction d’une nouvelle salle. En attendant l’achèvement des travaux, les comédiens iront s’installer dans la Cité, au Théâtre du Prado.

Cinq mois plus tard, seulement, le 24 juin 1807, la troupe de la Montansier inaugurait le nouveau « Théâtre des Variétés », celui-là même qui se dresse à côté du passage des Panoramas, boulevard Montmartre.

1807 La fin de Mademoiselle

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Malgré son âge, « Mademoiselle » devait avoir encore beaucoup de forces et d’autorité. Les travaux de construction de son nouveau théâtre, dirigés par l’architecte Célerier, durèrent exactement cent soixante jours, pendant lesquels sans cesse elle eut l’oeil à tout, organisant tout, décidant tout. Devant elle, les pires difficultés s’aplanissaient et chacun sous ses ordres donnait le meilleur de lui-même.

L’inauguration, le 24 juin 1807, fut triomphale. La Montansier aurait pu drainer le public n’importe où. Ce soir-là, tout Paris était à nouveau au rendez-vous. On donna la première représentation d’un chef-d’oeuvre fragile, Le Panorama de Momus, vaudeville de Marc-Antoine Désaugiers.

Les artistes obtinrent un immense succès et le charmant théâtre retentit ce soir-là pour la première fois des applaudissements qui devaient se répéter des milliers de fois.

La direction des Variétés fut confiée à une commission de cinq membres, comprenant outre la Montansier, MM. Crétu, César, Amiel et Mira Brunet le comédien.

Aussitôt, le nouveau théâtre eut un très nombreux public en dépit des jalousies, des cabales et des intrigues de ceux qui continuaient à vouloir contrarier l’oeuvre de la vieille Mademoiselle.

Il y avait alors à Paris vingt-sept salles de spectacles. L’Empereur jugeant qu’il y en avait beaucoup trop, faisant tort ainsi à la troupe officielle du Théâtre Français, décida d’en fermer les deux tiers. La vie des Variétés ne fut sauvée que grâce aux folles amours de l’Archichancelier d’Empire Cambacéres, duc de Parme, et de la ravissante actrice Mlle Cuisot pour laquelle il ressentait une passion extrême, manifestée chaque soir par de vibrants applaudissements.

On jouait alors des vaudevilles de Désaugiers, tels que Une heure de Folie, Taconnet chez Ramponneau, Les Bateliers du Niemen (1807), Monsieur et Madame Denis (1808), ou de Sewrin : Les Poètes sans soucis, Les Bourgeois Campagnards, Les Commères, Les Trois Etages, Habits, Vieux galons (1808), Le Petit Candice, L’Ecu de six francs, Misère et Gaité (1809), ou encore de Merle et Coster : Je cherche un dîner, de Merle et Ourry : Les Baladines, de Merle et Dessessarts : Monsieur Grégoire ou Courte et Bonne (1810), de Merle et Brazier : Le Ci-devant Jeune Homme (1812) où triomphait l’acteur Potier. Alors la troupe des Variétés créait environ vingt pièces par an et le même auteur en fournissait parfois cinq ou dix.

Mais les succès continuels des Variétés n’étaient pas du goût de tous et les menaces se firent si violentes que l’administration impériale une nouvelle fois en 1813 menaça de fermer la salle, sous prétexte que l’innocente féerie L’Ogresse ou la Belle au Bois Dormant blessait les bonnes mœurs. À nouveau il fallut toute la protection de Cambacères et celle de Regault de Saint-Jean d’Angely pour lever l’arrêt de mort prononcé par le duc de Rovigo, ministre de la Police. Pourtant, quelques mois plus tard, un autre scandale éclatait, qui réclama l’intervention de la police. Dans la pièce de Scribe et Dupin, Le Combat des Montagnes, les commis de magasin se virent railler dans la personne ridicule de M. Calicot et firent tout pour empêcher la suite des représentations. Plus tard encore, en 1818, le comte Angles, ministre d’État, s’émut des manifestations bruyantes et des rappels frénétiques des acteurs qui, chaque soir, retentissaient aux Variétés. Il exigea que l’on « interdise à un acteur redemandé de céder aux instances du public, préjudiciables à la tranquillité publique « . Il est vrai que les acteurs des Variétés affichaient un peu trop ostensiblement des opinions bonapartistes, ce qui déplaisait fort à Louis XVIII.

Pourtant, des pièces de l’époque, il reste peu de souvenirs. On a oublié Le Tribunal des Femmes (1814), de Dumersan, Le Bachelier de Salamanque (1815), La Jarretière de la mariée (1816), de Scribe, et cent autres vaudevilles qui firent les beaux soirs de l’époque.

Pendant ce temps, la Montansier goûtait une vieillesse heureuse. Tardivement, le 5 septembre 1799, elle avait épousé son cher De Neuville qui devait mourir quatre ans plus tard en 1803, mais ne souffrait pas de la solitude. Certains l’accusèrent d’avoir de séniles faiblesses pour le jeune et beau danseur italien acrobate Forioso qui se produisait au Palais-Royal, mais rien ne semble avoir troublé la paisible retraite qu’elle prit enfin, assurée du plein essor de son Théâtre des Variétés.

Elle approchait de quatre-vingt-dix ans lorsqu’elle tomba malade. Elle s’éteignit le 13 juillet 1820, alors qu’aux Variétés on jouait Marie Jobard, de Scribe et Dupin.

Née sous Louis XV, elle mourait sous le règne de Louis XVIII après avoir connu trois rois, un empereur, une république, mais surtout le succès, la fortune, la célébrité, l’amitié des grands et de grandes amours. Elle avait rayonné pendant plus d’un demi-siècle sur le monde du théâtre, formant des centaines d’acteurs, encourageant les auteurs et les musiciens, les décorateurs et les peintres, laissant un souvenir où se mêlait l’admiration et l’envie.

L’histoire devait pourtant se montrer bien ingrate envers sa mémoire. En 1907, pour le Centenaire du Théâtre des Variétés, le journaliste Fernand Nozière, dans la revue « Le Théâtre », réussit le prodige de dresser l’historique du théâtre sans citer une seule fois la Montansier ! Déjà en 1900, le nouveau directeur des Variétés, Samuel, dans un long article sur l’histoire de son théâtre, ne nommait qu’une seule fois, et comme par mégarde, l’illustre fondatrice.

En 1904, le Théâtre de la Gaîté joua avec quelque succès une pièce en quatre actes et un prologue de Flers et Caillavet :

« La Montansier » dont le rôle était tenu par Réjane, mais cette louable entreprise ne suffit pas à sortir la « Belle Béarnaise » des limbes de l’oubli.

Paris n’a pas jugé bon de célébrer sa mémoire. Il n’existe aucune rue, aucune impasse qui porte son nom et sur les murs de la rue de Beaujolais où elle vécut trente ans, à côté du Théâtre du Palais-Royal qu’elle créa, nulle plaque ne commémore l’illustre Mademoiselle.

1830 Armand Dartois

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Le bouillant François-Victor-Armand Dartois (ou d’Artois), prenant la direction des Variétés, était bien résolu à redonner à son théâtre l’éclat et le succès d’antan. Hélas, il n’y parviendra pas. Sous sa direction furent créées de multiples comédies, vaudevilles et drames.

Les « revues » se multiplièrent, mais chaque nouvelle oeuvre, après quelques représentations, quittait l’affiche à tout jamais.

Des auteurs médiocres, des pièces sans intérêt ne parvinrent pas à être sauvés malgré le grand talent d’acteurs illustres comme Frédérick Lemaître qui créa aux Variétés Le Marquis de Brunoy, Le Barbier du Roi d’Aragon et surtout Kean ou Désordre et Génie d’Alexandre Dumas (31 août 1836).

Dartois fit appel à la ravissante cantatrice Jenny Colon qui sans doute n’aurait pas laissé beaucoup de souvenirs dans l’histoire du théâtre, si un poète génial devenu très illustre ne s’était épris d’elle et ne lui avait écrit vingt lettres admirables : Gérard de Nerval.

On jouait alors aux Variétés Madame d’Egmont ou sont-elles deux? Un vaudeville de MM. Ancelot et Decombrousse. Gérard de Nerval était dans la salle, tomba éperdument amoureux, mais sa passion demeura longtemps silencieuse, douloureuse et discrète, dans la plus pure tradition romantique. Jenny Colon n’était pas une femme de tout repos et le jeune poète était un peu effrayé par le scintillement de l’objet de sa flamme.

Gérard finira par avouer sa flamme et écrira une suite de lettres poignantes qui laisseront la belle chanteuse indifférente. En 1838 Jenny fera un nouveau mariage et mourra en 1842 à l’âge de trente-quatre ans, laissera son amant platonique à ses rêves.

Sans cette histoire d’amour née boulevard Montmartre, le règne de Dartois ne vaudrait pas la peine d’être retenu. Parmi les innombrables oeuvres créées alors, on peut retenir quelques titres qui marquent bien le goût de l’époque pour un théâtre facile et, avouons-le, assez vulgaire Le Marchand de Peaux de Lapins (1832), L’Apollon du Réverbère (1832), Tigresse Mort-aux-Rats (1833), Deux femmes contre un homme (1834), La Robe Déchirée (1834), etc.

1836 La chasse aux ours

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Après la démission d’Armand Dartois, le Théâtre des Variétés connut pendant dix-huit ans une très grande instabilité, pourtant, malgré des conceptions théâtrales étranges, la salle du boulevard Montmartre connut toujours le même succès populaire. Dix directeurs se succédèrent et certains ne restèrent en place que quelques semaines.

Ce fut Philippe-François Pinel du Manoir (ou Dumanoir) qui, en 1836, s’empara du fauteuil laissé libre par Dartois. Né à la Guadeloupe, Dumanoir était un auteur dramatique fécond et fêté qui ne laissa pas moins de cent quatre-vingt-quatorze pièces de théâtre, dont plusieurs furent créées aux Variétés : La semaine des Amours (1827) avec Jenny Colon, Le Vicomte de Letorières (1841), Léonard (1847) et beaucoup d’autres écrites en collaboration avec de nombreux auteurs. Il est bien difficile de dire si Dumanoir fut ou non un bon directeur, car il n’eut guère le temps de manifester ses talents.

En 1837, la direction des Variétés passait entre les mains de Jean-François-Alfred Bayard, auteur dramatique prolifique, époux de la nièce de Scribe et qui devait ajouter trente-deux pièces au répertoire de son théâtre. En 1837 les Variétés affichent sept pièces de Bayard : Le Chevalier d’Eon, en collaboration avec Dumanoir, Suzette, toujours avec Dumanoir, Le Père et la Débutante, avec Théaulon, Paul et Jean, Judith, Un retour de Jeunesse, Résignée ou les Deux Ménages, tandis qu’entre temps, on joue une comédie du tonton Scribe L’Etudiant et La Grande Dame. La récolte de navets sera aussi riche en 1838, cependant, cette année-là, les Variétés obtiennent un très grand succès avec une comédie de Varin et Dumersan Les Saltimbanques, dans laquelle l’acteur Odry fait merveille. On joue aussi Monsieur Gogo à la Bourse, Mathias l’Invalide, Les Trois Soeurs, C’est Monsieur qui paye, oeuvres de Bayard.

En 1839, on affiche Phoebus, Les trois bals, Geneviève la Blonde, Emile ou six têtes dans un chapeau, Fragolette, toujours du prolifique Bayard qui, cette année-là, cède son poste directorial à Jouslin de la Salle.

La direction de Jouslin de la Salle, comme celle de son successeur Pierre-Joseph Leroy, fut de si courte durée que nous la passerons sous silence pour arriver tout de suite en 1840. Alors entre en scène un personnage haut en couleur, Louis-Nestor Roqueplan. Né en 1804, Roqueplan avait alors trente-six ans. Homme de théâtre, il dirigea successivement le Panthéon, les Nouveautés, les Variétés, l’Opéra, l’Opéra-Comique et le Châtelet. Il marqua chaque fois son passage par une accumulation de dettes qui pourtant n’altéraient jamais sa croissante fortune personnelle. Auteur de nombreux livrets d’opéra (Jérusalem de Verdi, Sapho de Gounod, etc.), il ne fit représenter aucune de ses oeuvres sur la scène des Variétés, mais ouvrit son théâtre à de nombreux nouveaux auteurs et fit appel à de grands comédiens, tels que la célèbre Déjazet.

En 1840 on joue pour la première fois aux Variétés une pièce d’un auteur qui devait par la suite faire merveille sur cette scène Le Fin Mot de Labiche. En 1841 disparaissait un auteur original qui avait donné aux Variétés de nombreux vaudevilles et comédies.

Marie-Emmanuel Théaulon. Son nom mérite de rester à la postérité, car c’est lui qui est à l’origine de l’expression « faire un four ». En effet, après avoir connu de nombreux succès, peut-être un peu lassé d’écrire, le pittoresque Théaulon inventa un procédé nouveau pour élever des poulets ! Il loua un hangar (faubourg Saint-Honoré, s’il vous plaît !), construisit un four d’incubation, y enfourna des centaines d’oeufs de poule et le chauffa doucement en permanence pendant vingt et un jours. Malheureusement, lorsqu’au jour dit, il ouvrit sa couveuse, il ne récolta que des oeufs durs… L’affaire fit le tour de tous les théâtres de Paris :

– Vous connaissez la nouvelle oeuvre de Théaulon ? C’est un four !

Et l’expression resta vivante pour désigner un échec.

Pauline-Virginie Déjazet (1797-1875), venue du Théâtre du Palais-Royal, fit ses débuts sur la scène des Variétés le 24 février 1845 dans la reprise d’une pièce fort connue à l’époque : Les Premières Armes de Richelieu.

La même année elle créa Un Conte de Fées de Brunswick et Leuven et fut à même de beaucoup se produire puisque la troupe ne joua pas moins de vingt-sept spectacles différents parmi lesquels il faut retenir Le Tricorne Enchanté de Théophile Gautier. En 1846 la Déjazet triomphe dans Gentil-Bernard de Dumanoir et l’année suivante dans L’Enfant et l’Amour de Bayard et Le Moulin à Paroles de Gabriel. Elle était la comédienne chérie des Parisiens et sa présence assurait à chaque fois le succès.

Mais Le Moulin à Paroles marquera la fin du règne de Nestor Roqueplan qui, fortune faite, s’en ira endetter l’Opéra. La Sirène du Luxembourg de Biéville inaugura la nouvelle direction du théâtre par M. Morin qui ne la gardera que seize mois.

En même temps que le théâtre changeait de direction, il changeait de propriétaire. Un « fastueux anglais », Mr. Bowes, connu pour ses chevaux et ses châteaux, eut l’envie de posséder son théâtre et acheta à Thayer les Variétés. Mal lui en prit, comme l’écrit Boulet de Montvel, car à dater de ce jour, auteurs et directeurs se succédèrent avec une égale mauvaise fortune, et ce fut un défilé ininterrompu de fours noirs, de comédies fastidieuses et mornes, de vaudevilles dont aujourd’hui la nomenclature sans fin n’éveillerait chez personne l’ombre d’un souvenir jusqu’à l’arrivée en 1855 d’Hippolyte Cogniard.

Pourtant, ne soyons pas trop sévères envers ce pauvre Morin. Il donna aux Variétés quelques beaux succès : Oscar XXVIII, Madame Veuve Larifla et Rue de l’Homme-Armé numéro 8 bis de Labiche, ainsi que la création d’un proverbe d’Alfred de Musset et Emile Augier : L’Habit Vert (23 février 1849), une couleur d’habit qui devait porter bonheur plus tard aux Variétés.

Vaincu par les troubles de 1848 et le choléra de 1849, Morin abandonna son bureau et laissa la place en novembre 1849 à Thibeaudeau-Milon, « le Beau Thibeaudeau », tragédien brillant, dandy célèbre, amant fêté, qui marqua ses débuts directoriaux par un coup d’éclat : La Vie de Bohème de Barrière et Murger qui parut à l’affiche le 22 novembre. Malheureusement ce coup d’éclat honoré par la présence du premier président de la République Louis-Bonaparte, resta sans lendemain. Ni la Déjazet vieillissante dans Lulli de Dumanoir, ni Labiche avec Une clarinette qui passe, ni La Petite Fadette d’après George Sand ne lui permirent de remplir les caisses vides et le 1er juin 1851, Thibeaudeau cédait la place à Carpier.

L’administration de M. Carpier fut des plus étranges. Il reste célèbre pour avoir introduit dans ses spectacles des danses exotiques, mais, hélas, ce ne fut pas son seul défaut. Quel fut son raisonnement devant la faiblesse du répertoire et la pauvreté des œuvres proposées? Nul ne le saura jamais, pourtant il semble que dans l’espoir de découvrir l’oiseau rare, Carpier, de peur de se tromper, préféra tout accepter plutôt que de risquer le refus d’un chef-d’oeuvre. Le malheur voulu que dans le monceau de pièces dont il accepta par contrat la création, ne se trouvait aucun chef-d’oeuvre.

En 1852 Frédérick Lemaître sauve la mise en venant jouer Le Roi des Drôles. Lemaître, où qu’il soit, fait courir tout Paris. On joue aussi Un Monsieur qui prend la mouche de Labiche et quelques vaudevilles sans qualité de Thiboust, auteur nul, mais fécond. En 1853 Labiche donne Un ami acharné, Déjazet joue Les Trois gamines et tandis que l’Empereur se marie, les Variétés affichent Une femme qui se grise de l’inépuisable Thiboust.

Les années 1853 et 1854 n’auraient pas marqué d’une façon particulière les Variétés après des échecs mérités aux titres spirituels comme On dira des bêtises de Labiche, Mêlez-vous de vos affaires de Bourdois, Sous un bec de gaz de Cabot, Un mari qui ronfle de Siraudin, Un mari qui prend du ventre de Labiche, ou Si ma femme le savait ! de Lange, si dans deux vaudevilles n’était apparu pour la première fois un nom qui devait briller comme un soleil quelques années plus tard, celui de Jacques Offenbach. Pepito et La Femme à trois maris passèrent comme les autres malgré la musique du génial compositeur et l’inestimable Mr. Bowes, en propriétaire consciencieux s’avisa de faire ses comptes…

Le Figaro du 18 mars 1855 publiait les comptes d’exploitation du Théâtre des Variétés: le passif s’élevait à 2.300.000 francs… Le cher M. Carpier est remercié et pendant quelques mois Mr. Bowes lui-même prend la direction de son théâtre en collaboration avec MM. Laurencin et Zacheroni, chargés de liquider le fond Carpier.

Le « fond Carpier » se compose d’une multitude de pièces injouables et jamais jouées qui vieillissent dans des cartons et que depuis la pièce de Scribe L’Ours et le Pacha on nomme des « ours ». L’obstination des Variétés à ne monter que des « ours » amuse tout Paris. Le succès est à l’envers, on se presse pour aller siffler le « nouvel ours » qui, on le sait, ne vivra qu’un seul soir. On nomme les Variétés « La Ménagerie », les caricaturistes représentent Mr. Bowes en chasseur d’ours. Les pièces se succèdent à un rythme tel que l’expression « on répète aux Variétés » passe pour devenir un proverbe exprimant un effort inutile :

– Vous savez que Mlle de Champean est fiancée? On répète aux Variétés ! lança la baronne qui savait bien que l’affaire n’aurait pas de lendemain.

Les ours succédant aux ours les affiches aux affiches, les fours aux fours, après avoir vendu les places au rabais, licencié les acteurs endormis et réduit les éclairages, il restait peu à faire pour ruiner définitivement la réputation des Variétés. Un public de valets et de femmes de chambre, de concierges et de crieurs de journaux se chargea d’expédier définitivement les derniers ours et vider « le fond du sac à malice de M. Carpier ». (Le Figaro, 24 décembre 1854.)

Le 27 mai 1855, la chasse aux ours est terminée. Le théâtre est rajeuni de la scène au poulailler et Hippolyte Cogniard inaugure avec humour et éclat un règne qui devait marquer les Variétés d’un halo de gloire. Le 16 juin, pour la réouverture, on donne La Fosse aux Ours de Couailhac, Bourdois et Alhoy, sorte de parodie stigmatisant tout l’ancien répertoire, Les Enfants de Troupe, triomphe du vieux Bouffé, idole du public et Furnished Apartment, bouffonnerie qui terminait admirablement la soirée. Hippolyte Cogniard avait gagné. Ce soir-là, une page était tournée.

1855 L'ascension d'Hippolyte Cogniard

L’histoire L’histoire

Le seul problème de Cogniard était de trouver un style de répertoire personnel. Le Gymnase et le Vaudeville avaient la comédie, le Palais-Royal la farce, les Délassements-Comiques la comédie de moeurs (et même de mauvaises moeurs !), enfin Jacques Offenbach venait d’ouvrir les Bouffes-Parisiens qui devait devenir le temple de l’opérette. L’époque était au vaudeville et faute de trouver mieux, Cogniard, partant du vaudeville, se dirigea peu à peu vers la revue à grand spectacle, la féerie, la comédie légère entrecoupée de danses et de couplets. On aimait alors les piécettes courtes, en un acte et Cogniard en fit jouer des quantités sur la scène des Variétés.

En 1856 Henry Monnier vint jouer Joseph Prudhomme mais bien que la pièce créée autrefois à l’Odéon ait été réduite à trois actes et agrémentée de couplets, le succès ne vint pas. On préférait décidément le répertoire léger et par-dessus tout les vaudevilles de l’inépuisable Thiboust qui alimente plusieurs scènes de Paris. Il donne aux Variétés cette année-là Les Enfants Terribles, Les Nuits de la Maison d’Or, La Lanterne Magique, Madelon Lescaut.

C’est en 1856 que débute aux Variétés celle qui devait en devenir la reine : Hortense Schneider. Elle joue successivement Le Chien de Garde, Jean Le Toqué et La Lanterne Magique.

En 1857, Déjazet qui est presque une vieille femme reprend son grand succès : Gentil Bernard et paraît dans Les Chants de Béranger, mais c’est la revue brillante de Cogniard et Clairville : Ohé! Les P’tits Agneaux! qui remporte tous les succès.

1858 ne sera pas un très grand cru et si Les Bibelots du Diable sont très applaudis, Deux Merles Blancs de Labiche, Je marie Victoire de Cormon et Grangé, Le Pays des Amours de Plouvier, passent inaperçus. L’année se termine par une revue brillante : As-tu vu la comète, mon gars? Qui passera très vite.

L’année suivante est marquée par une excellente comédie de Dumanoir et Thiboust : Le Capitaine Chérubin dans laquelle la Déjazet chante à ravir – la voix n’a pas vieilli – la romance écrite par Beaumarchais. Labiche donne également une comédie fort divertissante : L’École des Arthur dans laquelle la belle Alphonsine charme le public dans son rôle de grisette. On joue aussi Les Chevaliers du Pince – Nez de Thiboust, Le Pays des Échasses de Cogniard et l’année se termine par une revue fort drôle Sans Queue ni Tête de Cogniard et Clairville que l’on joue « à l’envers » en commençant par la dernière réplique, ce qui donne des coq-à-l’âne des plus comiques.

En 1860, parmi les nombreuses comédies de Thiboust, Clairville et Cogniard, telles que Quel drôle de monde!, Un troupier qui suit les bonnes ou La Grande Marée, on joue pour la première fois sur la scène des Variétés une comédie de Meilhac et Halevy, Ce qui plait aux Hommes pour laquelle Léo Delibes a écrit une musique. On joue La fille du Diable de Clairville et Thiboust et l’année se termine par une revue au titre évocateur Oh! La! La! Qu’c’est bête tout ça! de Cogniard et Clairville pour ne pas changer.

Cette année 1861 mourut Eugène Scribe qui avait donné au Théâtre des Variétés trente-sept comédies et si le Fidelio de Beethoven ne remportait aucun succès, tout Paris venait rire aux Variétés où Ya-Mein-Herr de Thiboust se jouait à bureau fermé.

Que dire de ces années 1862, 1863 et 1864, sinon que Cogniard continuait à exploiter le même filon de comédies légères écrites sans génie par Thiboust et Clairville.

En avril 1864, Cogniard présente Le Joueur de Flûte, une opérette d’Hervé. Le Figaro du 14 août écrit « Voilà un genre moins usé que tous les autres, vers lequel le Théâtre des Variétés doit glisser tout doucement pour se rajeunir ». Cogniard entendit-il la leçon? Sans doute. Mais ce n’est pas tout doucement qu’il se mit à glisser, mais d’un seul coup, franc et puissant et cette glissade non seulement ne descendait pas aux Enfers, mais atteignait les sommets de l’Olympe.

Quatre mois plus tard, le 13 décembre 1864 s’échappaient des Variétés des airs, des mélodies, des choeurs que personne ne devait plus jamais oublier ce soir-là, pour la première fois, on jouait La Belle Hélène.

1864 Et puis Offenbach vint

L’histoire L’histoire

En décembre 1864, un nom, un homme, une musique, fait courir tout Paris, il s’agit bien sûr de Jacques Offenbach. Les succès de ce diable ne se comptent plus, ou mieux, ils se résument à quelques triomphes que personne n’a oublié. Il est prodigieux le chemin parcouru par Jacob Eberst, né à Cologne le 20 juin 1819 et que l’on retrouve en 1832 à Paris, tenant sa partie de violoncelle dans l’orchestre de l’Opéra-Comique, sous le nom de Jacques Offenbach. Pourtant les débuts sont difficiles, même pour ce musicien si doué que Wagner n’hésitera pas à écrire un jour  » Offenbach sait faire comme le divin Mozart « .

En 1839 il donne au Palais-Royal Pascal et Chambord qui ne remporte aucun succès et en 1853 on joue aux Variétés son Pepito qui tombe dans l’oubli. Il doit attendre – et avec quelle impatience ! – le 26 juin 1855 pour obtenir ses premiers bravos aux Folies-Nouvelles avec Oyayaye ou La Reine des Iles, anthropophagie musicale, et dix jours plus tard, le 5 juillet, pour gagner son premier triomphe Les Deux Aveugles.

Et puis, le 21 octobre 1858 parait à l’affiche Orphée aux Enfers, la première véritable opérette, le premier chef-d’oeuvre. C’est un immense triomphe. Offenbach est grisé. Admis à l’Opéra, à l’Opéra-Comique, le maestro capricieux se brouille avec le Théâtre des Bouffes et comme il venait d’écrire une opérette nouvelle qu’il destinait à Hortense Schneider, il propose sa pièce au Palais-Royal.

Malheureusement, Hortense, pensionnaire du Palais-Royal, vient de se brouiller avec la direction, décide de renoncer au théâtre et de retourner à Bordeaux, sa ville natale. Offenbach arrive à la hâte et trouve Hortense au milieu de ses malles et de ses valises, prête à partir. Il implore, il supplie!

– Trop tard, mon cher, j’abandonne la scène…

Mais le diable se met au piano et fredonne…

– Un mari sage… est en voyage…

Hortense chantonne. Oui, la mélodie est jolie, le texte amusant. Oui, le rôle proposé est séduisant, mais elle a décidé de partir, elle partira.

À Bordeaux, quelques jours plus tard, elle recevra un télégramme qui lui indique que le Théâtre des Variétés est prêt à l’accueillir. Elle répond en exigeant un chiffre exorbitant qu’elle est bien certaine de se voir refuser, deux mille francs par mois. Le lendemain, Cogniard lui envoie une dépêche « Affaire conclue, venez vite! La semaine suivante on répétait La Belle Hélène aux Variétés.

Aussitôt Paris s’enflamme. Napoléon III fait jouer la pièce aux Tuileries et l’ex-roi Jérôme en fait autant. Les deux personnages Patachon et Girafier deviennent si populaires qu’ils sont parodiés dans la rue. Ce fut un immense succès. La critique se déchaîna pour et contre. « Merveilleuse Hortense ! », « Misérable Offenbach ! », nul ne reste indifférent. Les uns s’indignent, accusant Meilhac et Halevy de ridiculiser Homère, les autres rient et chantent aux accents de la marche des Rois. Qu’importe, le « divin trio » triomphe et Offenbach peut s’écrier : « En la Trinité que je forme avec Meilhac et Halevy, je suis sans doute le Père, mais chacun des deux est mon Fils et plein d’Esprit! ».

La Belle Hélène est une pièce importante à plus d’un titre. D’abord c’est une véritable opérette, c’est-à-dire une oeuvre musicale, bâtie comme un opéra, mais sur un ton léger, joyeux, allègre, et non pas une comédie seulement mêlée de couplets, comme des illustrations « hors-texte » dans un livre. D’autre part, pour la première fois avec La Belle Hélène, on inaugure sur la scène des Variétés un spectacle qui demeurera plusieurs mois sans quitter l’affiche, alors qu’auparavant, chaque quinzaine voyait surgir un nouveau titre. En mai 1865, Paris souffre d’une terrible canicule restée célèbre, qui porte un coup mortel aux théâtres désertés, sauf à La Belle Hélène qui se moque non seulement des dieux, mais des rigueurs des climats. « Il fallut se rendre enfin, écrivit Francisque Sarcey, mais ce furent les acteurs qui tombèrent les premiers de fatigue. » Pour les reposer, on fait venir une troupe de danseurs espagnols en juin 1865, tandis qu’Offenbach s’en va diriger sa Belle à Vienne et Berlin. À la rentrée, on reprend La Belle Hélène aux Variétés avec le même succès. L’homme qui manque le coche de Labiche et Le Compositeur toqué d’Hervé sont des « entre-deux » qui ne laissèrent guère de souvenirs.

Paris attendait avec impatience la nouvelle opérette d’Offenbach, ce sera Barbe Bleue créée le 5 février 1866 avec un succès complet, immédiat, unanime, incontestable. Le livret est jugé charmant, la musique spirituelle, les comédiens incomparables. Schneider et Dupuis triomphent. Barbe Bleue restera à l’affiche jusqu’au 10 juillet.

Quelques semaines après Barbe Bleue en janvier 1867, on annonçait déjà un « nouvel Offenbach » qui allait faire courir, non plus Paris et la Province, non plus les souverains voisins, mais le monde entier et qui devait éclipser tous les autres spectacles de l’époque, bien qu’il ne s’agisse que d’une simple bouffonnerie bien troussée : La Grande Duchesse de Gerolstein, dont la première eut lieu le 12 avril 1867. La première représentation fut une soirée mémorable. La salle refaite à neuf brille de tout ce que Paris compte de jolies femmes et de grands noms. Pourtant, si les deux premiers actes sont un triomphe, le dernier tombe à plat. Le Figaro du 14 avril est fort sévère et trouve la pièce trop longue.

Offenbach prend ses ciseaux, il coupe, il rogne et en dépit de la critique grincheuse, le succès est complet.

Le 24 avril Napoléon III assiste à la représentation. Il y reviendra quelques jours plus tard en compagnie de l’Impératrice. Début mai on vit M. Thiers dans une baignoire. Le 15 le Prince de Galles, fils de la Reine Victoria, occupait le fauteuil n° 18 de la loge gauche du balcon. Le 1er juin, c’est le Tsar de toutes les Russies et le Grand Duc Wladimir.

« Les jambes de Mlle Schneider paraissent avoir produit beaucoup d’effet sur le prince Wladimir… » note Prosper Mérimée le 6 juin. Plus tard on put voir Bismarck dans une avant-scène, avec de Moltke et Mac-Mahon. Et encore Ismail Pacha, vice-roi d’Egypte, qui vint presque chaque soir durant son séjour parisien, tant il était épris de la belle Hortense. Puis vint le vieux roi de Bavière, le roi du Portugal, celui de Suède et l’Empereur François-Joseph…

Le 5 décembre, Edgar et sa bonne de Labiche remplace à l’affiche La Grande Duchesse et l’on finit l’année sur une bluette d’Offenbach : Le Pont des Soupirs.

1868 sera une grande année tant pour les Variétés que pour Offenbach, celle de La Périchole , le nouveau chef-d’oeuvre du « divin trio ». Pourtant on renâcle au début, mais on se presse ensuite. La Périchole n’est pas le Pérou ! » s’écrit la critique et Sarcey pense que la verve d’Offenbach touche à sa fin. Pourtant, tout Paris vient aux Variétés honorer l’Impératrice Eugénie en reprenant en chœur : « Il grandira, il grandira, car il est Espagnol, gnol, gnol… »Cependant Offenbach n’était pas très satisfait de sa Périchole qu’il trouvait boiteuse, mal équilibrée et finissante en queue de poisson. La faute venait de « la paresse de Meilhac ». Contrairement à ce qui s’était passé pour La Grande Duchesse largement amputée, Offenbach reprit complètement La Périchole et lui ajouta un acte, de sorte qu’à la reprise de l’oeuvre en 1874, ce fut une nouvelle opérette, bien supérieure à la première que put applaudir le public.

En 1868, Offenbach était malade et surmené. En deux ans il avait écrit La Vie Parisienne, La Grande Duchesse, Robinson Crusoé, Le Château à Toto, Le Fifre enchanté et L’Ile de Tulipatan ; il finissait Vert-Vert pour l’Opéra-Comique et préparait Les Brigands pour les Variétés.

La première des Brigands eut lieu le 10 décembre 1869. Ce n’était pas une bonne année pour la France et il n’y avait qu’Offenbach pour maintenir une certaine gaîté. L’Empire est malade. Les familiers de l’Empereur s’éteignent un à un comme des chandelles. La nouvelle œuvre d’Offenbach, Meilhac et Halevy est saluée comme étant » un mariage de raison entre l’Opérette-bouffe et l’Opéra-comique », une grande partition, et comme tous les chefs-d’oeuvre, prémonitoire. « Le bruit des bottes, des bottes, des bottes… » en annonçait d’autres, celles de Bismarck. La fête était finie, on soufflait les lampions, Sedan déjà brûlait à l’horizon.

Le 1er juillet 1869 Eugène Bertrand avait succédé à Cogniard à la direction du théâtre. On avait joué une opérette importante de Léo Delibes, La Cour du Roi Pétaud ainsi qu’une comédie de Victorien Sardou : Les Pommes du Voisin.

En janvier 1870 Les Trente Millions de Gladiator de Labiche remplacent Les Brigands qui ne reprendront l’affiche qu’après la guerre. Les salles parisiennes ferment les unes après les autres. Le 18 août, après la sanglante défaite de Rezonville, c’est le tour des Variétés : on installe une infirmerie dans les décors des Brigands… Le 2 septembre, la bataille de Sedan entraîne la capitulation de Napoléon III, transféré le lendemain à Wilhelmshöhe.

Un soir, tandis que l’Empereur reposait, retentit une musique familière à son oreille, « c’était le régiment allemand qui passait et qui jouait un air des Brigands. L’Empereur pleurait… » Le 4 septembre la République était proclamée. Eugénie partait en exil. Un monde de gaîté, d’insouciance, de satin, de plumes et de champagne s’écroulait. La France changeait son histoire.

1871 La fin du siècle

L’histoire

M.Adolphe Thiers, Président de la République, l’Alsace et la Lorraine cédées à l’Allemagne, les fastes de l’Empire n’étaient plus qu’un souvenir. Comme pour renouer avec le passé, Eugène Bertrand, nostalgique, ouvre les Variétés avec une opérette nouvelle d’Offenbach Boule de neige.

Peu à peu les fastes de la vie parisienne reprennent leurs droits et les Parisiens le chemin des théâtres.

Le 13 mai 1872, on joue aux Variétés Les Cent Vierges, une opérette nouvelle de Charles Lecocq, que la presse accueille fraîchement : « Ce ne sont là que méchants fredons, douteuses cantilènes, rengaines à tout aller et tristes resucées de ce qu’Offenbach et Hervé, ces géants, avaient donné au temps du plaisir de vivre ». Pourtant la valse » O Paris gai séjour » fut bientôt sur toutes les lèvres des Parisiens avant de faire le tour du monde et contribuer largement à la célébrité de son auteur.

En novembre on donne La Mémoire d’Hortense de Labiche, et Les Sonnettes de Meilhac et Halevy.

1873 voit la première reprise aux Variétés de La Vie Parisienne et la création de l’opérette d’Offenbach Les Braconniers et l’année se termine sur la comédie de Victorien Sardou Les Merveilleuses. Ni Garanti Dix Ans de Labiche, ni La Petite Marquise et La Boule de Meilhac et Halevy, ne marquèrent l’année 1874, que domine la grande reprise de La Périchole dans sa version remaniée et définitive.

La création de l’Opéra-bouffe d’Offenbach, Meilhac et Halevy La Boulangère a des écus n’atteindra pas les sommets d’autrefois et sera un demi-succès. Pourtant, la mode d’Offenbach n’est pas passée et la reprise de La Belle Hélène en 1876 avec Mlle Judic dans le rôle d’Hortense Schneider est un triomphe.

C’est surtout la grande époque de Labiche aux Variétés : La Guigne, Un Jeune homme pressé, Les trente millions de Gladiator, Le Roi dort, sont tour à tour à l’affiche. On joue La Cigale de Meilhac et Halevy (1877), Niniche de Hennequin (1878), Le Grand Casimir de Prével (1879) ainsi qu’une opérette légère d’Hervé, La Femme à Papa (1879).

En 1880 meurt Jacques Offenbach à l’âge de soixante et un ans. Paris est en deuil. Le maestro n’assistera pas au triomphe de ses Contes d’Hoffmann à l’Opéra-Comique, pourtant l’œuvre devait devenir « Les contes des mille et une représentations » suivant le mot d’un chroniqueur de l’époque.

Offenbach avait donné aux Variétés ses plus éblouissantes soirées, mais Paris ne devait pas être ingrat envers son diable magicien, père du can-can et sans relâche l’auteur de La Belle Hélène la fera chanter et danser.

1881 voit l’immense succès de Judic dans La Roussotte de Meilhac et Halevy et 1882 les débuts de Réjane dans la revue de fin d’année Les Variétés de Paris de Blum et Touché.

Mam’zelle Nitouche de Meilhac, Michaud et Hervé, dont la première a lieu le 26 janvier 1883, remporte un triomphe. On se croit revenu aux beaux soirs de La Grande Duchesse. Hervé a cinquante-huit ans, on lui décerne le titre de « Père de l’Opérette ». Offenbach dut se retourner dans sa tombe.

Vint alors pour les Variétés le temps des reprises.

Manquait-on de créateurs ? Peut-être.

En 1885 on joue vingt pièces différentes et l’on ferme le théâtre pendant trois mois. Les créations sont des fours. Les Remords d’Anatole de Millaud ne font que cinq représentations. On reprend le répertoire et même Les Brigands pour la fin de l’année.

Février 1886 voit arriver aux Variétés une nouvelle venue : Yvette Guilbert, dans une pièce dont le titre la poursuivra bien après sa mort Le Fiacre 117 de Millaud et Najac. En compagnie de Réjane elle jouera Décoré de Meilhac en 1888.

Cette année-là meurt Eugène Labiche, il avait donné vingt-trois comédies aux Variétés. C’est Mme Sarah Bernhardt qui, en 1889, prend possession du Théâtre des Variétés qu’elle a loué pour quelques mois à Eugène Bertrand, le temps de l’Exposition.

Elle a quarante-cinq ans, elle est au sommet de sa gloire et joue avec le plus grand succès La Dame aux Camélias et Léna. L’année se terminera sur une revue brillante de Blondeau et Monréal : Paris-Exposition.

Monsieur Betsy d’Alexis et Ménétrier est créé en 1890 par Réjane qui triomphe la même année dans Ma Cousine de Meilhac.

1891 voyait la fin de la direction prudente et avisée d’Eugène Bertrand qui avait su maintenir la scène des Variétés au tout premier rang des théâtres parisiens.

Le 1er janvier 1892, M.-F. Samuel prenait la direction de la salle du boulevard Montmartre.

Il devait devenir l’un des princes du Paris de « la Belle Epoque ».

1892 La belle époque

L’histoire L’histoire

Samuel fut un remarquable créateur de spectacles. Avec lui commence la manière moderne de diriger un théâtre.

Il adorait l’opérette et admirait la comédie. Sous sa férule, les Variétés devinrent à la fois le conservatoire et la pépinière de l’une et de l’autre. Il connut des succès prodigieux, fit des découvertes capitales et sa politique intelligente connue très peu d’échecs. Bien sûr, en reprenant tour à tour les succès confirmés, il prenait peu de risques, mais ces succès permettaient des créations qui, elles, n’allaient pas sans hasard.

Les débuts de Samuel sont prudents. Brevet Supérieur de Meilhac, Le Premier Mari de France de Valabrègue, Madame Satan de Blum et Touché, Le Carnet du Diable de Blum et Ferrier alternent avec des reprises d’opérettes célèbres comme Chilperic, L’œil Crevé, Le Petit Faust d’Hervé et Le Pompier de Service de Paul Gavault.

En 1898, un nouvel auteur apparaît aux Variétés. Le 8 février on joue Le Nouveau Jeu d’Henri Lavedan qui tiendra l’affiche avec succès jusqu’à la création d’une comédie de Duval et Hennequin, le 20 décembre, Le Voyage autour du Code, remplacé à son tour le 3 mars 1899 par une nouvelle pièce de Lavedan Le Vieux Marcheur qui triomphera en alternance avec Le Nouveau Jeu jusqu’en avril 1900.

En 1900 on joue Education de Prince de Maurice Donnay avec Jeanne Granier, en 1901 Mademoiselle George de Victor de Cottens avec une musique de Louis Varney, puis Les Médicis d’Henri Lavedan qui ne remporte pas le succès attendu et sera remplacé quelques jours plus tard par Vive l’Armée de Valabrègue.. La Veine d’Alfred Capus tiendra l’affiche jusqu’à Noël 1901. Au cours des répétitions de la revue de fin d’année, le 2 novembre, un grave accident se produit sur la scène : un décor s’écroule et certains acteurs sont gravement blessés. La presse s’empare de l’événement qui servira largement à la publicité de La Revue de Gavault et Vely.

Les Deux Écoles d’Alfred Capus seront jouées de février à novembre 1902. Pour les fêtes de fin d’année, on reprend Orphée aux Enfers jusqu’à la création de la comédie d’Alfred Capus : Le beau Jeune Homme, en février 1903. Le Sire de Vergy de Caillavet, Flers et Claude Terrasse triomphent tandis que Catulle Mendès s’écrit: « L’opérette se meurt ! Apollon soit loué ! Elle se meurt ! Elle est morte ! » Alors Samuel répond : « Elle vit ! Dieu merci ! » et relevant le défi, pendant deux années, 1904 et 1905, il donnera aux Variétés un véritable festival de l’opérette, mêlant les créations aux reprises des plus grands chefs-d’oeuvre du répertoire.

En mai 1904 c’est la création à Paris de La Chauve-Souris de Meilhac, Halevy et Johann Strauss, puis en novembre Monsieur de La Palisse de Flers, Caillavet et Claude Terrasse, en 1905 L’Âge d’Or de Georges Feydeau et Louis Varney, et Les Dragons de l’Impératrice de Duval et André Messager.

Le projet initial de Samuel comprenait la reprise de quarante opérettes, mais la succession trop rapide des titres – deux à trois par semaine – dérouta le public qui bouda le « festival ». Finalement le projet fut abandonné au bout de huit mois, après six reprises et quatre créations jouées en alternance.

Ce demi-échec de la « renaissance de l’opérette » fut sans doute bénéfique. Il contraint Samuel à chercher de nouveaux auteurs, de nouveaux interprètes et il les trouve. À partir de 1906 les succès sont souvent prodigieux, obtenant un nombre de représentations encore jamais atteint.

Miquette et sa Mère de Flers et Caillavet, Le Bonheur Mesdames ! de Francis de Croisset, La Piste de Victorien Sardou avec Réjane et Suzanne Avril, L’Amour en Banque de Louis Artus avec Yvette Guilbert, ouvrent la voie aux grands triomphes.

En juin 1908 on affiche aux Variétés Le Roi de Caillavet, Flers et Arène, avec Eve Lavallière. Victoire complète, la comédie tiendra la scène pendant cinq cent soixante représentations, sans alternance d’autres pièces et par la suite sera reprise maintes fois avec le même égal bonheur. En attendant un nouveau succès de Flers et Caillavet, on joue Le Circuit.

En avril 1910, la comédie espérée est à l’affiche et personne ne sera déçu c’est Le Bois Sacré qui sera joué jusqu’en février.

En ce mois de février 1911, une piquante petite personne fait ses débuts aux Variétés. Elle n’est pas encore connue, mais elle deviendra plus tard la reine du music-hall, c’est Mistinguett. Elle joue dans Les Midinettes de Louis Artus puis triomphe dans le rôle de Pauline de La Vie Parisienne qui semble avoir été écrit pour elle.

En décembre 1911 Max Dearly débute dans Les Favorites d’Alfred Capus, quelques mois plus tard on retrouve Mistinguett dans Le Bonheur sous la Main de Paul Gavault, enfin après une reprise du Roi, une autre d’Orphée aux Enfers et une comédie de Jean José Frappa : Match de Boxe avec Max Dearly, c’est l’annonce d’un triomphe nouveau, on affiche L’Habit Vert de Fiers et Caillavet, en décembre 1912. Alors la troupe des Variétés était incomparable : Jeanne Granier, Eve Lavallière, Diéterle, Mistinguett, Mme Simon-Girard, Mme Tariol-Baugé, MM. Albert Brasseur, Prince, Guy, Numès, Max Dearly. C’était vraiment « la Belle Époque », non seulement pour le Théâtre des Variétés, qui devait en connaître bien d’autres, mais pour l’ensemble du théâtre parisien qui restait le grand leader des modes, du goût et de l’esprit.

Hélas, la guerre devait tristement clore cette brillante période. Les Variétés affichent encore Les Merveilleuses, une reprise de la comédie de Victorien Sardou, avec le jeune acteur Saturnin Fabre et Ma Tante d’Honfleur de Paul Gavault. C’est sur ce dernier succès que le théâtre ferme ses portes en juillet.

Le 21 décembre mourrait Samuel et Max Maurey prenait la direction des Variétés, mais devait attendre la fin de la guerre pour les faire revivre.

1918 Les années folles

L’histoire

De 1919 à 1936, cet entre-deux-guerres que certains nomment « Les Années folles », Max Maurey, auteur dramatique et homme de théâtre accompli, ne donna pas moins de soixante-six spectacles sur la scène des Variétés que l’on disait être alors  » le plus parisien des théâtres de Paris « .

Bien sûr, l’énumération complète des pièces, créations et reprises serait fastidieuse et ressemblerait à un catalogue démodé, car certaines sont tout à fait oubliées, sans doute à juste titre, tandis que d’autres, connues de tous, sont entrées dans l’empyrée des chefs-d’oeuvre classiques.

Aussitôt après la guerre, c’est le nom de Raimu qui domine les distributions aux Variétés. On le voit dans L’École des Cocottes en compagnie de Spinelly et de Max Dearly, dans la plus éclatante reprise du Roi avec Harry Baur et Gabrielle Dorziat (1920), dans La Belle Angevine de Maurice Donnay avec Jane Marnac et Un Jour de Folie de Birabeau (1923).

1923 est une année importante pour les Variétés, puisque le 8 mars, pour la première fois, on jouait la célèbre Ciboulette de Francis de Croisset, Robert de Flers et Reynaldo Hahn, qui devait faire le tour du monde. Edmée Favart dans le rôle principal obtint un triomphe.

En 1924 on joue Ta Bouche de Mirande et Willemetz et Madame l’Archiduc de Jacques Offenbach.

Les noms de Jules Berry et Maud Loty sont à l’affiche en 1925, dans Le Fruit Vert de Régis Gignoux et L’Éternel Printemps de Duvernois. Le 12 juin 1925 Cécile Sorel joue aux Variétés le rôle de la Dubarry dans Maîtresse de Roi d’Ephraïm. L’année se termine sur Azaïs, une comédie de Louis Verneuil avec Marie Dubas, Max Dearly, André Lefaur et Pierre Larquey.

Le Martyre de l’Obèse d’Alfred Savoir, Le Martyre de l’Obèse d’André Picard (1926), Un Miracle de Sacha Guitry (1927), Le Danseur Inconnu de Tristan Bernard (1928), précèdent l’un des plus grands succès du théâtre français qui, à l’époque, devait battre tous les records de longévité en restant pendant deux années à l’affiche, il s’agit bien sûr de l’immortel Topaze de Marcel Pagnol dont la première eut lieu le 22 octobre 1928 avec Jeanne Provost et André Lefaur et que la presse, unanime, salua comme un chef-d’oeuvre capital.

À peine remis d’un tel triomphe, les Variétés reprennent en 1931 et une fois de plus Le Roi puis La Veuve Joyeuse de Franz Lehar, avant la création de Bluff de Georges Delance avec Marguerite Moreno, Jules Berry et Suzy Prim. En 1932 les créations passent vite Triplepatte de Tristan Bernard, Aurélie de Germaine Lefrancq avec Pauley, Le Onzième Commandement de Jacques Deval et Avril de Louis Verneuil et Georges Berr.

1933 est l’année Sacha Guitry aux Variétés. Il donne successivement :

Châteaux en Espagne qu’il interprète avec Jacqueline Delubac et Pauline Carton, L’Illusionniste et Florestan 1er, Prince de Monaco, une opérette dont la musique est de Heymann.

Mademoiselle de Jacques Deval, Mon Double et ma Moitié de Sacha Guitry, Mon Crime…! de Berr et Verneuil avec Edwige Feuillère, Alerme, Pauley et Larquey, ainsi que l’opérette de Franz Schubert La Maison des Trois Jeunes Filles, occupent l’année 1934.

En 1935, on joue tour à tour et avec des fortunes diverses, L’Amant de Madame VidaI de Louis Verneuil avec Elvire Popesco (janvier), Girouette (avril), Topaze (avril), de médiocres Ballets Russes (mai) et une charmante comédie musicale Le Groom s’en chargera, couplets de J. de Wissant, musique de Pascal Bastia, avec Germaine Duclos, Marguerite Louvain, Armontel, Duvaleix et René Smith qui créa, dans cette opérette la célèbre chanson « Je tire ma révérence », reprise plus tard par Jean Sablon. Enfin on joua Les Fontaines Lumineuses de Louis Verneuil, avec Marguerite Pierry et Saturnin Fabre.

En 1936, les « Années folles » sont terminées. Déjà, les nuages sombres se montrent à l’horizon. C’est peut-être pour cette raison que tout à coup le soleil de Marseille entre à flots boulevard Montmartre, pour combattre une certaine morosité…

1937 Marseille-Pagnol

L’histoire L’histoire

En faisant appel d’une part à Vincent Scotto et Alibert et de l’autre à Marcel Pagnol, M. Max Maurey savait très bien ce qu’il faisait.

Non seulement il « montait » Marseille à Paris, mais il allait à la fois par l’opérette et la comédie atteindre un nouveau public, nostalgique des vacances sur la Côte d’Azur ou méridional exilé dans la capitale. Pendant dix années sur la scène des Variétés, ce sera un festival « d’accent », de galéjades et de chants de cigales. Les coulisses sentiront la bouillabaisse et l’aïoli. On ne parlera plus que de pastis. On usera des centaines de pantalons blancs. Une certaine idée du « midi » sera ainsi créée, pas toujours d’un goût exquis, mais souvent fort distrayante. L’opérette marseillaise eut un très grand succès qui permit aux Parisiens d’oublier pendant quelques heures les sombres chagrins de la guerre.

Un de la Canebière, d’Alibert et Vincent Scotto est joué pour la première fois le 3 avril 1936 et restera au répertoire pendant dix ans. Son succès sera toujours complet. Les Gangsters du Château d’If auront moins de chance (1937), Le Roi des Galéjeurs (1938), Ma Belle Marseillaise (1940) d’Alibert et Marc-Cab, C’est tout le Midi (1941) seront de grands succès.

En 1942 on reprend Marius de Marcel Pagnol, puis on joue Paris Marseille d’Alibert et surtout Au Pays du Soleil de Vincent Scotto et Alibert, avec Rellys, un grand classique du genre.

En 1943 on joue Fanny de Marcel Pagnol et A la Marseillaise d’Alibert. On reprend Un de la Canebière en 1944 puis on joue pendant vingt jours le Don Pasquale de Donizetti pour retourner bien vite Au Pays du Soleil pendant quatre mois.

Trois de la Marine d’Alibert et Vincent Scotto est créée le 25 novembre 1944, puis on reprend Marius une nouvelle fois, avec Henri Vilbert, Raymond Pellegrin et Robert Vattier, tandis que l’année se terminera sur Les Gauchos de Marseille.

En 1946 la vogue marseillaise – la marée – commence à baisser. On reprend Au Pays du Soleil ainsi que César de Marcel Pagnol avec Orane Demazis et Henri Vilbert, qui termine la trilogie célèbre et vient clore cette période ensoleillée.

En 1947 Rellys jouera sans grand succès Freddy la Valise de Jean Boyer, tandis que Voici Marseille en 1948 marquera le dernier rayon du soleil couchant sur la statue de « la Bonne Mère… »

1946 Paillettes, plumes et comédies

L’histoire

La guerre terminée, le Théâtre des Variétés peut enfin rouvrir ses portes. Sous la direction de MM. Denis et Marcel Maurey, le Théâtre des Variétés allait connaître en trente ans une centaine de spectacles, des succès prodigieux et de mémorables soirées. Il est impossible de citer tous les artistes comédiens, chanteurs, musiciens, danseurs, fantaisistes qui marquèrent cette longue et riche période. Il faut oublier les quelques échecs retentissants, les comédies éphémères qui donnent encore plus de relief aux nombreux triomphes.

Quelques titres marquent bien cette période d’après-guerre : Et Vive la Liberté de Jean de Letraz (1947), Blum! Blum! Tra-la-la (1946), Clochemerle (1947), et la charmante fantaisie de Saint-Granier Pommes d’Amour (1948) sur une musique de Louiguy avec André Claveau et Irène de Trébert…

En 1950, avec les danseurs Térésa et Luisillo, puis avec le grand Maurice Chevalier, les Variétés inauguraient la formule du récital qui connut de très grands succès. Patachou et Jean Rigaux (1954), Roger Pierre et Jean-Marc Thibault (1958), Les Frères Jacques (1959), Fernand Raynaud (du 26 février 1960 au 14 mars 1961, puis en 1966 et 1967), Raymond Devos (1964), Patachou (1972), Pierre Perret (1973), Thierry le Luron (1973), Barbara (1974), Herbert Pagani (1974) et Jacques Martin (1975).

Mais ces grands succès de music-hall ne peuvent faire oublier les grandes comédies que chacun garde encore en mémoire.
En 1953, c’est La Cuisine des Anges d’Albert Husson avec Jean Parèdes et
Palsambleu ! de Sacha Guitry avec Lana Marconi.
En 1954, Frère Jacques d’André Gillois avec Fernand Gravey et Gisèle Pascal.
En 1955 Charmante Soirée de Jacques Deval avec Michel Simon. Les Enfants d’Edouard de Marc-Gilbert Sauvajon avec Denise Grey et Pauline Carton (1956), Un Rossignol Chantait de Robert Lamoureux avec Dany Robin (1959).

Durant cette période, il est important de noter que le Théâtre des Variétés fut le tremplin de deux comiques qui marqueront le cœur des Français : André Raimbourg dit Bourvil et Louis de Funès.

Grâce à La Grosse Valse de Robert Dhéry avec Louis de Funès, les frères Maurey ont leur plus grand succès. La première eut lieu le 15 octobre 1962 et la dernière le 12 janvier 1964. Triomphe du rire, le fameux » air du douanier » fut aussi un grand succès du disque et cette comédie-vaudeville consacra définitivement le talent de Louis de Funès.
En attendant l’autre grand succès de Robert Dhéry La Plume de ma Tante (1965), Gisèle Pascal et Robert Lamoureux jouèrent avec bonheur une comédie de Jacques Deval Un Homme Comblé (1964).

En 1968 Fernandel s’installe aux Variétés pour cinq mois. En compagnie de son ami Rellys, il joue Freddy de Robert Thomas.
En 1969 c’est Jacques Fabbri et sa troupe parmi laquelle se trouve Théo Sarapo qui vient jouer Il était 2 Orphelines d’Eugène Mirea. Simone Valère et Jean Desailly donnent Un ami… imprévu de Robert Thomas d’après Agatha Christie.
Domino de Marcel Achard est repris en 1970 avec Danielle Darrieux et Robert Lamoureux ; Claude Dauphin joue Mort d’un Commis Voyageur d’Arthur Miller et c’est un nouveau grand succès de Robert Dhéry et Colette Brossey Vos Gueules, les Mouettes dont les couplets étaient de Françoise Dorin, les décors et les costumes d’André Levasseur, deux noms que l’on retrouvera cinq ans plus tard…

1972 est marquée par la reprise de la comédie familiale d’André Roussin Les Oeufs de l’Autruche et 1973 par la pièce de Marcel Aymé Les 4 Vérités.
En 1974 on joue Gospell pendant quelques jours, Comme La Neige en été la comédie musicale de Jacques Lanzmann avec Mouloudji et Catherine Sauvage qui remplace Régine au pied levé, pendant quelques semaines et A Letter for Queen Victoria pendant quelques heures…

Le Théâtre des Variétés est-il malade ? Sans doute. La salle, la scène, les loges, tout est dans un piteux état et lorsque Jacques Martin après trois mois de succès quitte la scène le 18 mai 1975, il sait qu’il vient de terminer un chapitre du roman des Variétés.

1975 Du Théâtre au Cinéma

L’histoire

Au début de 1975, Jean-Michel Rouzière, directeur du théâtre du Palais-Royal, prend la direction des Variétés. Pour la première fois dans l’histoire, les deux salles construites par la Montansier sont réunies sous la même direction.
Avec l’appui du ministre de la Culture Maurice Druon, le hall du bâtiment tout comme la façade quelques décennies auparavant est classé monument historique. .

En septembre 1975, les murs de Paris affichent le nouveau spectacle L’Autre Valse de Françoise Dorin, qui en dépit d’une critique de presse mitigée remporte un vif succès et sera jouée plus de quatre cents fois. Paul Meurisse s’y taillait chaque soir un véritable triomphe.

En février 1977, Féfé de Broadway succédait à L’Autre Valse. Cette brillante comédie à couplets de Jean Poiret, avec une musique de Michel Emer et Pierre Porte, réunissait au milieu d’une nombreuse distribution Jacqueline Maillan, Michel Roux et Roger Carel.
Pour six mois, à partir d’avril 1978, les Variétés affichèrent sous le titre de Boulevard Feydeau, trois chefs-d’oeuvre en un acte de Georges Feydeau Feu la Mère de Madame, Mais N’te promène donc pas toute nue ! et On purge bébé ! mis en scène par Raymond Gérome, avec Danielle Darrieux, Bernard Blier, Raynmond Pellegrin, Jacqueline Gauthier et Louis Seigner.

En octobre 1978, la célèbre Cage aux folles de Jean Poiret s’installe aux Variétés avec Michel Serrault et Michel Roux, prolongeant l’énorme succès de ce spectacle, créé au Palais-Royal.

En février 1980, c’était Je veux voir Mioussov de Kataev et M. G. Sauvajon, avec Jean Lefèbvre, qui lui succède.
En octobre, les Variétés renouant avec la tradition du récital accueillent Marie-Paule Belle pour trois semaines de chansons. Enfin, le 3 novembre 1980, le rideau se lève sur la 10ème comédie de Françoise Dorin : l’Intoxe, avec Jeanne Moreau et Jacques Dufilho, dans une mise en scène de Jean-Laurent Cochet.

En janvier 1982, Jean-Michel Rouzière réalise l’un de ses rêves, il réussit à convaincre Michelle Morgan de jouer Chéri de Colette. Autour de la grande comédienne, il réunit une brillante distribution : Jean-Pierre Bouvier, Odette Laure, Jean Weber, dans de somptueux décors de Georges Wakhévitch.

Durant l’été 1982, pour une série limitée de représentations, on affiche Lorsque l’Enfant d’André Roussin, avec Guy Tréjan et Marthe Mercadier, exceptionnellement mit en scène par Jean-Michel Rouzière.

Le 14 janvier 1983 a lieu la première d’une nouvelle pièce de Françoise Dorin, L’Etiquette, avec Jean Piat, Jacques Fabbri, Micheline Luccioli, Claude Gensac, Jacques Dynam et Thierry Redler.

Pour les semaines de l’été 1984, les Variétés accueillent Jean Lefèbvre de retour cette fois dans un charmant vaudeville de Marc Camoletti, Le Bluffeur, avec Laurence Badie et Hélène Manesse.

Le 21 septembre 1984, l’un des grands événements du Théâtre Privé parisien fut la reprise du chef-d’œuvre d’Edouard Bourdet, Les Temps Difficiles, dans une mise en scène de Pierre Dux, avec Guy Tréjan, Judith Magre, Christiane Minazzoli, Jean-Pierre Cassel, Sonia Vollereaux et Stéphane Hillel. Pour cette reprise Georges Wakhévitch fit ses dernières esquisses de décors qui furent conçus par Michel Fresnay.

1985 fut l’année du centenaire de la naissance de Sacha Guitry. Pour célébrer celui qui fut l’un des auteurs privilégiés des Variétés, Jean-Michel Rouzière choisit de monter N’Ecoutez pas, Mesdames! que le maître avait joué sur cette scène en 1952. Dans une mise en scène de Pierre Mondy, et un décor de Jacques Marillier, Pierre Dux, Micheline Boudet, Micheline Dax, Jacques François, Jackie Sardou et Jacques Jouanneau firent revivre avec bonheur cette étincelante comédie.

En janvier 1986, Les Dégourdis de la 11ème Compagnie de Mouëzy-Eon et Daveillans, en juin L’Age en Question de Françoise Dorin, en septembre Le Tombeur de Robert Lamoureux.

En février 1987, création du grand succès de Ray Cooney C’est Encore Mieux l’Après-midi, adapté par Jean Poiret, avec Pierre Mondy et Jacques Villeret.

En juillet 1988, pour cent représentations, reprise du Saut du Lit de Ray Cooney et John Chapman adapté par Marcel Mithois.
En novembre 1988, Jean-Michel Rouzière était heureux de mettre à l’affiche de son théâtre un projet qui lui tenait à cœur, La Présidente, de Maurice Hennequin et Veber, adapté par Jean Poiret. Ce fut aussitôt un grand succès, son dernier, hélas!
En effet Jean-Michel Rouzière disparaissait brutalement le 14 février 1989, après treize années de superbes spectacles aux Variétés.

En décembre 1989 un nouveau Président Directeur général succédait à Jean-Michel Rouzière à la tête des deux théâtres du Palais-Royal et des Variétés, M. Francis Lemonnier, tandis que la Présidente, avec de nouveaux protagonistes, poursuivait sa brillante carrière.

En octobre 1990, avec Trois Partout, adapté par Jean Poiret, Ray Cooney revenait pour la troisième fois aux Variétés, avec Michel Leeb en tête d’affiche.

Mais bientôt l’illustre théâtre de la Montansier allait connaître un nouveau destin. En effet, en 1991, le célèbre comédien Jean-Paul Belmondo faisait l’acquisition des Variétés et en prenait la direction. Après le beau succès de Trois Partout, le charmant chanteur Hervé Vilard donna durant quinze jours son récital de charme.

Le 31 janvier 1992, La Trilogie Marseillaise, qui fut créée sur ce plateau, adaptée et mise en scène par Jean-Luc Tardieu, revenait à l’affiche pour cinq mois de soleil et de rires, avec Jean-Pierre Darras dans le rôle de César. Septembre 1992, une production de Paul Ledermann, Thé à la Menthe ou t’es Citron, énorme triomphe du Café de la gare, tint l’affiche jusqu’en juin.

En septembre 1993, Jean-Paul Belmondo présente une création d’un auteur français contemporain : il met à l’affiche la comédie de Francis Veber au titre provocant, Le Dîner de Cons et c’est un véritable triomphe. Jacques Villeret et Claude Brasseur, puis Michel Roux, réunissent en 700 représentations plus de 600.000 spectateurs qui rient de bon cœur aux démêlés de leur irrésistible tandem.

En 1996, reprise d’Oscar, le vaudeville de Claude Magnier qui fut créé en 1958 par Pierre Mondy, Jean-Paul Belmondo et Maria Pacôme. Roland Giraud, Francis Perrin et Maaïke Jansen leur succèdent dans une mise en scène de Pierre Mondy.

Octobre 1996, Jean-Paul Belmondo monte sur la scène des Variétés pour plus de 200 représentations triomphales de La Puce à l’Oreille, de Georges Feydeau, mise en scène de Bernard Murat. S’intercalera une reprise Œufs de L’Autruche, d’André Roussin, entre avril et juin 97, avec Gérard Hernandez et Yollande Folliot dans les rôles principaux.

Janvier 1998, Sacha Guitry est de retour aux Variétés. Pierre Arditi, Évelyne Bouix et Bernard Murat, en tête d’une brillante distribution, font triompher le maître près de 300 fois avec Le Mari, la Femme et l’Amant, une comédie ironique qui se joue du triangle amoureux.

L’été 1998 aura été marqué par la reprise d’une opérette de Willemetz, Là-haut, faisant résonner les airs célèbres que Maurice Chevalier chanta en son temps.

En janvier 1999, Francis Huster et Cristiana Reali montent sur les planches des Variétés pour interpréter avec brio et émotion un succès mondial, Duo pour violon seul, dans une mise en scène de Bernard Murat.

Un nouveau millénaire s’ouvre avec une comédie irrésistible de Sacha Guitry, Le Nouveau Testament, où Jean-Pierre Marielle et Françoise Fabian ravissent tous les soirs le public parisien dans une nouvelle mise en scène de Bernard Murat, qui enchaîne en 2001 avec Joyeuses Pâques de Jean Poiret, avec Pierre Arditi et Barbara Schultz.

L’année 2002 démarre par le retour de Pierre Mondy à la mise en scène dans Panique au Plazza de Ray Cooney avec Martin Lamothe, suivi du spectacle de contes de Rufus, en tous cas, le concert de la chanteuse américaine Shivaree et en octobre la pièce d’un nouvel auteur qui n’a pas fini de faire parler de lui, Laurent Ruquier, dans La Presse est unanime.

La rentrée 2003 commence tambour battant par Remue-Ménage, une comédie d’ Alan Ayckbourn, mise en scène par Pierre Mondy, suivi du duo de choc Les Chevaliers du Fiel jusqu’en février 2004.

Dès le mois de mars 2004, c’est l’Histoire d’EXODUS en Comédie musicale, une histoire d’amour, Le Sel et le Miel qui remplit la scène des Variétés.

Grand déménagement pour l’été 2004 avec un succès, le retour de la pièce Le Cartonet ses 650 représentations au compteur, avant le grand saut de la rentrée : Roland Giraud et Véronique Jannot enfin réunis dans Avis de tempête de Dany Laurent, mise en scène de Jean-Luc Moreau.

2004 Un nouveau millénaire

Novembre 2004, Jean-Manuel Bajen rachète le Théâtre des Variétés à Jean-Paul Belmondo et entreprend sa restauration. Il créer même une toute nouvelle salle de spectacle dans les combles du Théâtre Le Petit Théâtre des Variétés.

2005, une pièce de Laurent Ruquier, Si c’était à refaire réunit deux grandes vedettes comiques Isabelle Mergault et Pierre Palmade

2006, Christophe Duthuron écrit et met en scène « Pierre & Fils » rencontre entre Pierre Palmade et Pierre Richard.

2007, dans « Fugueuses », duel de comédiennes orchestré par Pierre Palmade Line Renaud et Muriel Robin font un triomphe. Une des représentations est retransmise en direct sur France 2 est vue par huit millions de téléspectateurs.

2008, deux ans après Si c’était à refaire, Isabelle Mergault est à nouveau à l’affiche avec « Croque monsieur », une pièce de Marcel Mithois donnée dans les années soixante qui avait lancé la carrière de Jacqueline Maillan.

2009, « Le Quatuor », groupe musical et humoriste composé de Jean-Claude Camors (violon, composition), Laurent Vercambre (violon), Pierre Ganem (alto), Jean-Yves Lacombe (violoncelle et contrebasse). Ces quatre virtuoses, également chanteurs, enchaînent sur un rythme endiablé et sans transition des morceaux des styles les plus variés, classique, jazz, variétés, pop, etc. Mise en scène Alain Sachs.

2010, de septembre à mai 2011, « Le dîner de cons » est à nouveau monté avec le duo Chevallier & Laspalès, c’est à nouveau le triomphe.

2011, « Collaboration », pièce de Ronald Harwood mise en scène de Georges Werler dans laquelle deux magnifiques comédiens interprètent deux illustres personnages Michel Aumont / Richard Strauss et Didier Sandre /Stefan Zweig s’affrontent au moment de la montée du nazisme. Malheureusement, en plein succès, Didier Sandre victime d’un accident, la pièce dût s’interrompre. Elle est remplacée début 2012 par la pièce d’un jeune auteur Sébastien Thiéry, « Le début de la fin » avec Richard Berry.

2012, c’est un nouveau succès qui réunit pour la première fois deux comédiennes comiques, Chantal Ladessous et Isabelle Mergault, « Adieu, je reste ! », pièce écrite par I. Mergault et D. Cohen, avec Jean-Marie Lecoq et Jean-Louis Barcelona, mise en scène d’Alain Sachs.

2013, Amanda Lear joue une star de la télévision dans « Divina » d’un jeune auteur Jean Robert-Charrier avec une mise en scène de Nicolas Briançon et des costumes de Jean-Paul Gaultier.

De mai à juillet 2014, création d’une nouvelle version de « La Flûte enchantée » de Mozart interprétée par une troupe de jeunes chanteurs et comédiens adaptation et mise en scène de Jean-Philippe Daguerre.

2014 septembre à janvier 2015, I. Mergault joue « Ouh Ouh », une nouvelle pièce qu’elle a écrite avec son complice Dave Cohen.

En septembre 2015, Isabelle Mergault revient avec une pièce qu’elle a écrite, « Ne me regardez pas comme ça ! », qui offre à Sylvie Vartan son premier grand rôle sur les planches. Avec également Pierre Deny.

Janvier 2016, une nouvelle année pour « Un nouveau départ » la pièce d’Antoine Rault, mise en scène par Christophe Lidon avec Corinne Touzet, Christian Vadim et Fanny Guillot.

En septembre 2016, Laurent Ruquier offre aux spectateurs du Théâtre des Variétés un duel de comédiens entre Francis Huster et Régis Laspalès dans « A droite à gauche » Une comédie grinçante sur la politique française. Ce spectacle fut un tel succès qu’il se prolongea jusqu’au mois d’avril 2016. Jean-François Balmer reprit le rôle de Francis Huster en deuxième partie de saison.

Septembre 2017 le Théâtre des Variétés présente la pièce d’une jeune auteure du nom de Flavia Coste « Non à l’argent » avec Pascal Legitimus, Julie De Bona, Claire Nadeau et Philippe Lelievre

En Janvier 2018 C’est le ventriloque Jeff Panacloc qui pose ses valises sur les planches des Variétés. Avec son humour tranchant, il va faire rire aux éclats des salles bondées, impatientes de retrouver son acolyte Jean-Marc dans son nouveau spectacle « Jeff contre-attaque ».

Corinne Touzet fait son retour au Variétés en septembre 2018 en compagnie de Daniel Russo et Loup-Denis Elion dans une nouvelle comédie de Flavia Coste « Alors on s’aime ! »

Michel Bernier décide en janvier 2019 de présenter son nouveau one woman show « Vive Demain » au Théâtre des Variétés.

Pour la rentrée 2019, Laurent Ruquier choisit pour la troisième fois le Théâtre des Variétés pour présenter à son public parisien sa nouvelle pièce « Le plus beau dans tout ça ». On’y retrouve un couple atypique formé par Régis Laspalès et Pauline Lefèvre accompagné de Françoise Lépine et Agustin Galiana.

Sous la direction de Jean-Manuel Bajen et pour la première fois au Variétés les enfants sont mis à l’honneur.

En Octobre 2009 le premier spectacle jeune public voit le jour, il s’agit « Alice au pays des merveilles » Une adaptation du roman de Lewis Carroll mis en scène par Jean-philipe Daguerre.

Pour la rentrée 2010 c’est le fameux « Robin des Bois » mis en scène par Christophe Glockner qui vient rendre des comptes à l’usurpateur Prince Jean.

En octobre 2011, ce sont les contes des mille est une nuits qui débarquent au Variétés. Avec la création d’ « Aladin » mis en scène par Jean-Philippe Daguerre. Cette pièce rencontre un tel succès qu’elle marque un tournant dans la création de spectacles jeune public. On peut encore pour la 9ème année consécutive retrouver ce merveilleux spectacle dans les plus beaux théâtres parisiens.

En 2012 c’est le justicier masqué « Zorro » qui prend d’assaut la scène des Variétés. Il triomphera du sergent Gracias jusqu’en 2015.

La rentrée 2015 est marquée par la création du spectacle « La revanche du capitaine crochet ». Une aventure tout droit sorti de l’imaginaire de ses auteurs Ely Grimaldi et Igor De Chaillé. Dans laquelle, le capitaine crochet tante par tous les moyens de prendre sa revanche sur Peter Pan mis en scène avec brio par Ned Grujic.

En octobre 2017 c’est toujours Ned Grujic Ely Grimaldi et Igor de Chaillé qui créent ensemble le spectacle jeune public qui reste le plus longtemps à l’affiche des Variétés « Le Livre De La Jungle » Inspiré des recueils de Rudyard Kipling.

Pour 2020, Le théâtre des Variétés par cette fois à la rencontre du menteur le plus aimé de tous les temps avec le spectacle musical « Pinocchio ». Celui sera à l’affiche à partir du mois de février

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